Rencontre {Adam

Ce matin c'est le retour à l'entrainement. Après une petite pause de deux semaines j'enfile de nouveaux ma paire de basket et ma tenue de sport. Je débute par un bref échauffement et je me rends en petites foulées au Maple Park pour réaliser une série de fractionnés. On a connu plus doux comme reprise mais j'aime me faire mal, après tout pour aimer le sport il faut aimer souffrir un peu. Je me positionne sur l'allée ouest qui forme une boucle à travers les arbres. Mon casque vissé sur ma tête j'augmente légèrement le son de la musique. D'abord une série de trente secondes sans forcer suivie de trente secondes à très vive allure. Je répète l'exercice plusieurs fois d'affilées jusqu'au moment où j'assiste à une scène étrange à quelques mètres devant moi. Une fille déambule dans le parc, l'air complètement absente. Elle traverse l'allée principale et manque de peu de rentrer de plein fouet dans un cycliste. Puis elle continue son chemin l'air toujours hagard et se retrouve nez à nez avec un autre coureur à pied. Ce dernier lui donne sans ménagement un coup d'épaule la faisant tomber à quatre pattes sur le sol et la gratifie de quelques insultes tout en continuant sa route.

*Et les bonnes manières Crichton...*

Ce mec je le connais. La course à pied est un milieu où les plus assidus se retrouvent souvent dans les compétitions. Ed Crichton, la trentaine est le parfait contre exemple de la bonne ambiance qu'on trouve en règle générale. Quand tu cours c'est avant tout pour te défier toi même. Lui passe son temps à se comparer aux autres. Avec sa tenue du parfait connard: lunettes de soleil par temps gris, porte en-cas autour de la taille pour courir à peine cinquante minutes, chaussettes de compression et j'en passe.
Je décide de ralentir le rythme et me dirige vers cette fille zombie qui est restée clouée au sol. Je stoppe la musique et fait tomber mon casque autour de mon cou. Vu son état étrange j'agis avec précaution en posant doucement ma main sur son épaule pour l'avertir de ma présence.

Hey, ça va?

Je me demande un instant si elle n'est pas droguée. Avec son air ahurie et ses yeux rouges. Mais je remarque assez vite les larmes qu'elle essuie du dos de sa main. Elle me parait perdue, c'est évident. Perdue dans des émotions apparement difficiles à gérer pour elle. Ses longs cheveux blonds ondulés et cette impression de se sentir impuissante qu'elle me donne... Elle me fait penser à ma soeur. Ma soeur confrontée à la bêtise de nos parents puis au deuil. Je ne sais pas si c'est cette ressemblance qui joue en sa faveur, mais je me sens alors incapable de la planter là. Ce n'est pas tellement de la pitié que j'éprouve à cet instant mais de l'empathie.

Elle ramasse son téléphone, bredouille quelques mots d'excuses et... quoi? Elle me vouvoie? Je décroche un sourire. J'ai maintenant l'impression d'avoir une cinquantaine d'année bien tassée. Elle ne semble pas beaucoup plus vieille que moi, pas besoin de telles manières entre nous

Tu peux me tutoyer, et t'inquiètes pas pour ça.

Je me retourne et cherche le banc le plus proche. Il y en a un, à dix mètres à peine sous grand sapin. Nous sommes toujours au milieu du chemin et les sportifs qui nous croisent me semblent légèrement agacés par notre présence.

Viens avec moi, je pense que tu devrais aller t'asseoir quelques secondes. Histoire de te remettre de ta chute.

Je l'accompagne jusqu'au banc et m'y assois en premier puis l'invite à m'imiter. Je jette un oeil à ma montre où le chrono continue de défiler. J'appuie sur le bouton central pour l'arrêter et j'éteinds la montre. En relevant le nez je m'aperçois que la demoiselle s'est assise à côté de moi.

Au fait, Je m'appelle Adam.

Harper, après s'être présentée, s'excuse une nouvelle fois et semble vouloir s'expliquer concernant son état mais s'arrête avant que je puisse comprendre quoi que ce soit. Je me dis à ce moment là que ce n'est pas gagné. Que si je veux savoir ce qui la perturbe autant je vais devoir enchainer les questions, gratter toujours plus, bref faire exactement ce que je n'aime pas faire. Mais non. Elle se reprend et finalement m'annonce qu'elle est amnésique. Je suis soulagé de ne pas avoir à pousser les investigations plus loin mais en même temps... Amnésique! Je suis pris d'un léger frisson.

Je la dévisage pendant quelques secondes en me demandant si cette fille est bien réelle ou si un ami, ou peut-être mon frère Gregory, ne se cache pas derrière un arbre pour me tendre un piège. Comment dire... Je n'ai quasiment jamais eu de relation amicale avec une fille et mes relations amoureuses ne m'ont jamais comblées. Et j'ai cette idée en tête que tout est la faute de ma mère. Cette mère qui n'a jamais porté d'attention à ses enfants, qui abandonnait sa famille pour aller dépenser le salaire de notre père dans des jeux de hasard. Cette mère qui finit ses jours dans un centre traitant entre autre de l'amnésie puisqu'elle est maintenant touchée par la maladie d'alzheimer. Et je ne peux m'empêcher de penser que ça l'arrange bien au fond. De tout oublier et de n'avoir aucun compte à rendre. Je jette un oeil à Harper qui, physiquement parlant, me rappelle ma soeur et j'y vois maintenant ma mère.

Ok.

C'est sûr ma réponse n'était vraiment pas suffisante. Je regarde mes mains en les frottants l'une contre l'autre comme pour chasser les mauvais souvenirs qui viennent me submerger. Je me raisonne et balaie le visage de ma mère pour me concentrer sur Harper. Me remémorant le laïus du docteur Edward concernant les amnésies et leurs causes. Choc psychologique, maladie... Les amnésies temporaires, les amnesies rétrogrades ou antérogrades... tout ça pour conclure "dans le cas de votre mère c'est l'alzheimer, on peut pas faire grand chose"... Merci... Si Harper me parle de souvenir j'en déduis alors qu'il s'agit là d'amnésie rétrograde et non sur les choses nouvellement apprises.

Tu as oublié beaucoup de choses de ton passé?

Partons là dessus. Je ne préférais pas lui demander pour le moment les causes de son problème de mémoire. Accident, alcool ou drogue, maladie... La réponse aurait été de toute façon douloureuse pour elle.

L'éclat de rire d'Harper me sembla vraiment hors propos. Mais quand elle m'expliqua son histoire je compris le côté ironique de la chose... Pendant un instant je songe à lui parler de ma mère. Comme pour lui faire comprendre que je ne suis pas totalement étranger à ces problèmes d'amnésie et me donner une certaine forme de légitimité dans cette discussion. Mais je ma ravise assez vite. Je ne suis vraiment pas du genre à me confier, pas si tôt. En tout cas cette fille a le mérite de m'y faire songer... Quand à cette histoire de traumatisme je m'imagine aussitôt les pires saloperies en me demandant qu'est ce qu'il se passera le jour où elle se souviendra.

Ouais, en quelque sorte un déni de ton âme...

Et puis Harper fit un trait d'humour en se comparant à une potentielle psychopathe. C'était comme un tournant dans notre rencontre. Pour le première fois je ressentais l'air ambiant plus léger. Nous étions plus détendus, la discussion était ouverte, sans mal aise.

T'es peut-être une psychopathe qui sait... Mais si c'est le cas, tu caches plutôt bien ton jeu. Comme ça je dirais surtout que tu ressembles à une fille plutôt cool. Et du coup tu as sûrement de la famille pour t'aider à te remémorer ta vie. Je veux dire, il y a bien des gens qui t'ont cherchés et retrouvés dans cet hôpital?

Lorsque Harper m'explique que personne n'est venu à son chevet je m'interroge. Comment est ce possible? Et surtout quelle vie de solitude elle doit avoir. À chaque phrase qu'elle prononce cette fille m'intrigue un peu plus. Et je ne peux m'empêcher de voir en elle le reflet de ma propre vie. C'est vrai que même si la situation est bien différente je me considère moi même comme un loup solitaire. Mais finalement presque par choix. Pour elle ce n'est certainement pas un choix.

Tout le monde a une famille. Il y a forcément des parents, des oncles, tantes, frère ou soeur... Des amis qui te cherchent. Ou peut-être même un petit ami! Tu sais je suis étudiant en droit alors si t'as besoin... Je pourrai toujours te rencarder sur deux trois infos et surtout te faire profiter de certains contacts que je peux avoir... si jamais tu avais besoin. Pour fouiller dans ton passé.

En fait son histoire était intriguante. Et je suis plutôt curieux de nature. J'aime apprendre, découvrir, chercher. Et aussi aider. Une main tendue c'est toujours agréable. Harper parait pensive. Peut-être que j'ai suscité chez elle l'envie d'en savoir plus. Au fond de moi je l'espère.

*Attends Adam, qu'est ce que tu fais là? *

Je recommence. J'emmène cette fille sur des terrains glissants qu'elle n'avait peut-être pas envie d'explorer. Je l'incite à pousser des portes qui resteront peut-être closes et qui pourrait lui faire beaucoup de mal. Et je ne la connais même pas. C'est ce goût inexorable pour les ennuis et les événements complexes. Il faut dire que j'ai grandi dans un environnement complexe et fait de problèmes. Et depuis que mon père est décédé, que mon frère et ma soeur font bande à part... Je m'ennuie. Dans une vie presque trop banale pour moi.
C'est nul. Nul d'emmener cette fille là dedans. Alors j'opère un virage à quatre-vingt-dix degrés et je relance la conversation sur une tournure beaucoup plus conventionnelle.

Et tu fais quoi de beau comme job?

Harper balaya d'un revers ma proposition d'aide pour pouvoir creuser dans son passé. Et ce n'était pas plus mal. Je n'avais comme ça pas à me sentir coupable de l'avoir emmené vers des chemins qu'elle aurait pu regretter d'avoir emprunter. Mais je ne peux m'empêcher de trouver ça étrange. En tout cas, si je peux un instant essayer de me mettre à sa place, je me dis que la première chose à laquelle j'aurais songé aurait certainement été de retrouver mon entourage. Et puis ces personnes qu'elle imagine décevoir car elle n'est aujourd'hui plus la même qu'ils ont connue... Peut être qu'elles sont dans la détresse, entrain de la chercher en vain et de ne pas pouvoir tourner la page. Je trouve finalement sa réaction presque égoïste. Mais je laisse couler. C'est mon ressenti mais j'essaie de ne pas en faire un jugement.
Finalement Harper m'explique son job, et je comprends qu'elle vit de bouts de ficelles. Comme moi. Je suis bien conscient que lorsque j'évoque mais études de droit mes interlocuteurs se font tout un monde autour de ça. S'imaginant que je dois avoir un train de vie assez aisé, et peut être même faire parti d'une famille financièrement très à l'aise. Pourtant pas du tout.

Le café Diem je connais. J'y ai travaillé quelques mois. Je cumule les petits boulots en tout genre. J'attends la reprise des cours pour connaitre mon emploi du temps. J'entame ma troisième année et ça devrait être assez chargé. Une fois que je connaîtrais mes horaires je chercherai quelque chose pour me faire un peu d'argent. Je ne sais pas quoi peu importe. Je dois juste trouver un patron qui compose avec mon emploi du temps. Et essayer de m'organiser comme il faut pour travailler mais aussi bosser sur mes cours. J'habite dans une coloc au centre ville. Du coup ça me permet d'avoir un loyer abordable. Le truc c'est que je suis pas sûr que ça tienne bien longtemps mon affaire. Un de mes potes doit partir faire un an à l'étranger dans le cadre de ses études. Il attend des réponses mais à mon avis son départ c'est pour bientôt. On se retrouvera avec un loyer à diviser en deux au lieu de trois alors mon autre colocataire envisage de retourner chez ses parents pour le moment... Les études ça coûte un bras... Le loyer divisé en deux ça aurait pu passer mais tout seul je pourrai pas assumer. Je sais pas trop comment me retourner pour le moment. Mais bon j'essaie de rester cool.

Je me tourne vers Harper et lui décroche un grand sourire. Je suis pas du genre à me laisser abattre même si cette histoire d'appart est une vraie épine sous le pied.

Visiblement Harper devait sous-estimer la négligence de trois mecs en colocation pour me demander pourquoi nous n’avions cherché personne d’autre. Je ris donc à cette remarque avant de m’interrompre et de lui lancer un regard crispé. Elle venait de bredouiller quelque chose à propos de nos vies compliquées, quelque chose que je n’avais pas vraiment compris trop préoccupé par sa main qu’elle venait de poser sur la mienne. Je ne suis pas du genre tactile à moins de très bien connaître la personne. Vingt minutes de conversation c’était vraiment pas assez. Heureusement, ressentant sûrement le mal aise ambiant, Harper retire assez vite sa main en s’excusant.

Ça va, je crois que je m’en remettrais.

Je lui décroche un clin d’œil et l’observe quelques secondes. C’est quoi cette fille au juste ? Elle déambule comme une névrosée dans le parc, elle me raconte au bout de cinq minutes qu’elle est amnésique et maintenant elle me prend la main. C’est sûr elle est carrément différente des autres filles que j’ai croisé dans ma vie. Et elle me paraît bien plus complexe et donc par la même occasion plus intéressante. Ce qui attise ma curiosité. Voilà, c’est sûrement pour ça que je ne suis pas encore reparti en courant.

Pour revenir au sujet de la colocation. Tu sais trois potes dans un appart, ça fait pas de nous les rois de l’organisation. Loin de là. Du coup quand Tom nous a prévenu qu’il se tirait à l’étranger, au dernier moment, moi j’étais pas à Heatherfield. C’est Hayden qui s’est occupé de chercher une autre personne. Mais il restait plus grand monde d’intéressé si peu de temps avant la reprise des cours. Et apparement ceux qu’Hayden a pu rencontrer n’avaient pas un profil qui lui plaisait. Mais comme je te l’ai dis je crois surtout que ça l’arrange bien de retourner dans la belle baraque de ses parents et de se laisser porter. Sauf qu’il ose pas me le dire.

Je me voyais déjà gratter à la porte de Gregory pour lui demander de me laisser occuper le petit bureau derrière son bar… Pas question. Mon frère et ma sœur en font déjà assez pour moi, je ne veux rien leur demander. Je dois juste me bouger le cul pour ne pas me retrouver à la rue. Impossible pour moi d’assumer un loyer seul.

Alors si tu connais quelqu’un intéressé par une colocation en centre ville avec un mec hyper sympa, drôle, calme, pas souvent à l’appart, propre, et ça c’est important de le préciser, ça m’intéresse. Ah et avec un chat aussi, il y a un chat.

Lorsqu'Harper me demande si je suis sûr qu'Hayden a bien cherché un nouveau colocataire je rigole.

J'en suis pas vraiment sûr non. Mais je veux pas le brusquer avec ça. Tu sais ce mec c'est mon pote, il est cool mais assez susceptible. Le genre qui n'a jamais eu trop d'emmerde dans sa vie et qui se vexe facilement si on lui dit quelque chose. Mais c'est pas grave, je sais que je vais rebondir.

Mettre une annonce au café... je n'y aurais certainement pas pensé. Pour moi tout se fait par le net maintenant. Les annonces papier... pourquoi pas.

Ok je passerai!

Je regarde Harper qui arbore un grand sourire sur les lèvres. Ses larmes ont définitivement séchées et elle me parait apaisée. Elle n'est plus la fille complètement desorientée que j'ai retrouvé à quatre pattes dans l'allée.

On dirait finalement que cette journée n'est pas aussi merdique qu'elle devait en avoir l'air quand tu t'es fait bousculé non? Tu pourras dire à ton psy que tu as trouvé un nouveau remède aux souvenirs intempestifs. Le Adam Maxwell!

Je me lève du banc sur lequel je suis assis depuis bien trop longtemps et m'étire un peu en attrapant ma cheville droite et en tirant mon pied vers le fessier afin d'étirer ma cuisse droite. Je reproduis le mouvement avec ma jambe gauche. Le sport est ma thérapie. Avec ça j'oublie tout, je décharge le stress. Je me dépasse et renforce ma confiance en moi. Et puis ça me permet aussi accessoirement de m'enfiler deux hamburgers dans la journée et de rester physiquement attrayant pour une possible conquête. Même si je n'avais jamais connu d'histoire d'amour je ne disais pas non à des relations de confort...

Tu fais du sport? Parce que si t'en fais pas tu devrais peut être essayer. Ça fait un bien fou au moral! Ton psy ne t'as pas conseillé ça? Mais combien tu le payes au juste ce charlatan?

Je rigole et hausse le sourcil droit en direction d'Harper. J'espère qu'elle aime le second degré... Biensur j'imagine que son psychologue est compétent. En tout cas je l'espère pour elle.

Je réfléchis à la question d’Harper. Des associations sportives il y en a, surement par dizaines. Mais à dire vrai, je ne les connais pas. J’ai commencé à pratiquer le sport via ma scolarité. J’ai fait du soccer pendant quelques temps. C’est un sport très populaire en Europe et ayant des origines anglaises et françaises mon entourage n’arrêtait pas de me dire que c’était fait pour moi. Pas vraiment. J’étais loin d’être le meilleur à ce jeu. Mais pour maintenir un niveau physique correct et tenir pendant les 90 minutes des matchs j’ai commencé le running. Et c’est finalement ce sport qui m’a fait oublier tous les autres. Pour une raison très simple… Deux raisons à vrai dire : la liberté et le prix. La liberté parce qu’il n’y a aucun horaire ni lieu d’entrainement. Je cours où je veux et quand je veux. Et pour le prix c’est simple. Une paire de basket, un short et c’est ok. Pas d’abonnement à une salle de sport, ni de matériel couteux à l’achat ou à l’entretien. Le plus, c’est que je suis vraiment pas mauvais. Je me suis vraiment pris au jeu et fait quelques courses avec l’université. Des semi-marathons la plupart du temps. L’année dernière alors que j’étais entrain de faire un peu du musculation, le coach de natation de l’université m’a conseillé de me mettre au triathlon qui selon lui serait plus adapté à mon gabarit. C’était une bonne idée. Mais qui dit triathlon dit aussi vélo. Et je suis pas encore sûr de pouvoir décupler comme ça les activités tout en ayant toujours assez de temps pour mes cours et mes petits boulots.

Non désolé. Il y a quelques salles de sport à Heatherfield mais ça coûte un bras. Si tu vas à l’hotel de ville j’imagine qu’ils pourront te donner des infos sur des associations sportives. Ou alors tu fais comme moi. Tu prends juste une paire de basket et tu cours.

Je souri à Harper quand j’entends quelqu’un souffler comme un bœuf juste derrière mon épaule. Je me retourne et constate qu’Eddy Crichton, qui avait bousculé Harper quelques minutes plus tôt se tient là juste derrière moi. Le visage écarlate, les gouttes de sueur perlant sur son front. Il pose ses mains sur ses cuisses le torses baissé, visage vers le sol. Après avoir repris son souffle il se redresse et s’adresse à moi

Super entrainement que je viens de faire. J’ai une forme du tonnerre ! C’est pas en restant planté là à flirter que tu me passeras devant à la prochaine course Maxwell !

Puis il se penche pour avoir Harper toujours assise sur le banc dans sa ligne de mire

Et la petite demoiselle elle va mieux ? Je crois que t’as oublié de t’excuser toute à l’heure t’étais quand même à deux doigts de me renverser.

Harper mouche Eddy avant que je puisse moi-même intervenir. Ce mec je ne le supporte pas. Et je suis ravi de voir son petit sourire prétentieux se figer un peu plus à chaque mot d’Harper. Je ne peux m’empecher de sourire tout en écoutant ma nouvelle alliée qui me demande mon avis concernant la notion de non assistance à personne en danger. Je tousse de manière théâtrale afin que mon audience prenne conscience de l’importance de mes prochaines paroles.

Techniquement je dirai qu’il s’agit là d’une infraction de mise en péril puisque monsieur Crichton est lui-même la cause de la chute de mademoiselle Harper ici présente. L’infraction à été consommée au moment même où le parcours du dit accusé s’est détourné du sentier balisé pour les coureurs vers la pelouse où mademoiselle Harper à été victime de la bousculade

Mais je ...

Ce comportement périlleux marque ici l’infraction. Si un dommage réel telles que des blessures sont constatés chez la plaignante les peines prévues pourront être aggravées. Mademoiselle Harper, souffrez vous de blessure suite à votre chute ?

Noyé par les termes techniques et ennuyeux de mon petit discours Eddy Crichton nous souffla telle une vipère

Allez vous faire foutre

Et parti sans un mot. Vexé. La grande classe ce type. Même si tout n’était pas exact dans les faits, j’étais bien content d’avoir pu faire taire pendant quelques secondes son égo surdimensionné avec ma tirade. Je me tourne vers Harper et lui fait une petite révérence.

Je crois que je vais moi aussi quitter les lieux. J’ai pas mal de choses à faire. Des choses super intéressantes comme des pile de papiers administratifs à classer et à remplir. Des bouquins à lire et une petite annonce de recherche de colocataire à rédiger.

Harper me remercie une nouvelle fois. Ce n'est vraiment pas nécessaire, après tout je n'ai pas fait grand chose.

Mais non c'est rien! Alors on se revoit peut-être au café diem si je pense à venir déposer mon annonce.

Après tout ça ne me coûtait pas grand chose de me rendre là bas, et qui sait, peut-être que je trouverai la perle rare qui accepte de partager un appartement avec moi. Je pause ma main sur l'épaule d'Harper en lui souriant.

À la prochaine Harper.

Et je repars en petite foulée direction le centre ville. Mon entrainement n'aura pas été des plus éfficace aujourd'hui mais j'ai fais une belle rencontre. Les journées sont parfois pleines de surprises...