[158] Friend like me ♦ Lou

Cet après-midi, j’avais laissé la garde de Dia à son père. Je devais rejoindre une amie qui habitait à quelques maisons de chez moi. Je n’avais pas revu Lou depuis que j’étais venue la voir pour lui demander de l’aide pour mon roman. Et maintenant que ce dernier était écrit, j’avais prévu d’aller lui donner le manuscrit pour qu’elle me dise ce qu’elle en pensait, si ce que j’avais écrit était fidèle à la réalité. Je mettais toujours un point d’honneur à demander leur avis aux personnes qui m’avaient donné de leur temps pour m’aider. Alors, il était naturel pour moi d’aller jusqu’à chez la demoiselle pour lui donner mon manuscrit. J’avais cependant envoyé un sms à Lou en amont pour lui demander si je pouvais passer. Déjà pour savoir si elle était chez elle et si je n’allais pas la déranger en passant. J’eus un sourire quand elle me répondit que je pouvais passer sans aucun problème et je me levais donc de mon bureau avec mon manuscrit sous le bras. Dia était occupée à faire ses devoirs sous l’œil attentif de son père et je ne pus qu’avoir un sourire attendri en voyant la scène. Ezekiel était réellement un père parfait pour notre fille, j’étais ravie qu’il m’ait retrouvé. Je déposais un baiser sur les cheveux de notre fille avant de lui cacher les yeux pour embrasser sans problème le jeune homme. Dia avait toujours du mal avec les démonstrations d’amour mais c’était normal, c’était l’âge qui faisait ça. Et ce serait encore pire à l’adolescence. Bien que, soyons honnêtes, je n’avais aucune envie que ma fille devienne adolescente. Je souhaitais un bon après-midi à mes deux amours avant de quitter le manoir. Je remontais la rue où Lou habitait et je fus rapidement arrivée devant chez elle. J’avais hâte de la voir mais en même temps, j’étais super stressée. Car j’allais lui donner mon manuscrit pour qu’elle le lise. Mais j’allais avoir l’air idiote si jamais elle me disait que je n’avais rien compris, que j’étais loin de la réalité. Cela ne m’était certes jamais arrivé mais on n’était pas à l’abri d’une première fois. Je finis cependant par sonner chez la jeune femme, attendant sagement qu’elle vienne m’ouvrir.

La vie suivait son cours ordinaire si je pouvais le dire ainsi. Dia était en vacances mais elle travaillait sur son cahier pour ne pas perdre le niveau. Même si elle n’était qu’en maternelle, elle avait la chance d’avoir un beau cahier de vacances Disney et elle adorait travailler dessus. Et bien sûr, tout cela sous l’œil très attentif de son père. Mais pour ma part, je n’allais pas passer l’après-midi avec eux bien que ce n’était pas l’envie qui me manquait de ne pas sortir de chez moi pour passer du temps avec ma fille et mon fiancé. Il y a deux jours, Kiel m’avait demandé de l’épouser et je n’avais pu que répondre oui. Mais j’avais quelque chose d’important à faire. Je devais donner mon manuscrit à Lou pour qu’elle puisse le lire et me donner son avis. Je ne tardais donc pas à décoller pour rejoindre la maison de mon amie à pieds. Elle n’habitait pas très loin de chez moi alors il me paraissait logique de ne pas prendre la voiture pour un trajet qui prenait cinq minutes à pieds. Une fois devant chez la jeune femme, elle ne tarda pas à m’ouvrir avant de me prendre la main. « Moi aussi, je suis contente de te voir Lou. » J’entrais dans la maison avant de suivre la jeune femme jusqu’à la cuisine où elle me proposa de boire quelque chose, à la seule condition que je me serve moi-même. Je hochais la tête en souriant avant d’ouvrir quelques placards à la recherche d’un verre que je remplis d’eau du robinet. Cela ne me posait aucun problème de boire de l’eau qui n’était pas en bouteille. Je m’installais dans le salon avant de tendre mon manuscrit à la jeune femme. « Tiens, je t’ai apporté un peu de lecture, j’avais peur que tu t’ennuis. C’est le manuscrit du roman pour lequel tu m’as aidé même si je pense que tu t’en doutes un petit peu. » Je ne pus m’empêcher de sourire à la jeune femme tout en buvant une gorgée d’eau. J’espérais sincèrement que le roman allait lui plaire, que je ne m’étais pas trompé dans la retranscription des notes de ce que Lou m’avait dit. Posant mon verre sur la table basse, je trouvais la maison bien calme. « Ton pot de colle n’est pas là? » Je me souvenais que la jeune femme ne vivait pas seule depuis son accident et qu’elle n’appréciait pas trop la compagnie de son auxiliaire de vie. J’ignorais cependant que les choses avaient bien changé depuis la dernière fois.

J’étais contente de pouvoir voir Lou, ne serait-ce que pour lui donner mon manuscrit. Mais j’étais également contente de pouvoir voir la jeune femme parce que je l’appréciais beaucoup. Je me servis un verre d’eau avant de l’accompagner dans le salon où je pris place avant de lui tendre le manuscrit de mon tout dernier roman. J’avais été assez contente de ne pas avoir pris trop de temps à l’écrire et j’eus même un petit rire. « Ne t’inquiètes pas, prends ton temps. Mon éditeur ne l’attend pas avant trois mois normalement. » Il savait qu’il ne l’aurait pas avant que la personne m’ayant aidé à l’écrire ne l’ait lu et il l’acceptait. Parce que ce n’était pas une grosse maison d’édition et que j’étais son plus gros écrivain, celui qui lui rapportait le plus d’argent alors il acceptait tout ce que je pouvais lui dire. Par la suite, je ne pus m’empêcher de demander à la jeune femme si Léandre se trouvait présent et se réponse me fit hausser un sourcil. Il y avait apparemment du changement dans l’air. A une époque pas si lointaine, elle m’aurait dit qu’elle était bien contente qu’il ne soit pas présent, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Je bus une gorgée d’eau tout en écoutant les explications de Lou sur sa relation avec le jeune homme et je ne pus m’empêcher de sourire. Effectivement, il y avait du changement et pas n’importe lequel. Je posais ma main sur celle de mon amie tout en hochant la tête. « C’est super, je suis contente pour vous deux. Et surtout pour toi Lou, tu le mérites tellement. » Et j’avais raison, je le savais. Avec ce qui lui était arrivé, elle méritait d’être enfin heureuse. J’étais contente qu’elle ait trouvé quelqu’un pour la rendre heureuse et qui accepte qu’elle prenne son temps. Il n’allait pas la brusquer et c’était le principal.